Cultiver une tradition de service au Bangladesh

Chad Stout, équipier de troisième génération à œuvrer auprès du MCC au Bangladesh avec son père, Kevin, évoquent les liens de longue date qui unissent leur famille à ce pays.

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Chad and Kevin Stout smiling for a photo in front of a building

Lorsque Kevin Stout a accepté un poste d’agronome au sein du Comité central mennonite (MCC) en 1987, il ne s’est pas contenté de contribuer à l’enracinement des cultures au Bangladesh. Il a aussi semé les graines de l’avenir de son fils.

Il s’est consacré à assister les agriculteurs à cultiver le soja dans le district de Noakhali, à environ 170 km au sud-est de la capitale du Bangladesh. Pendant leur temps libre, il se retrouvait avec ses collègues du MCC pour étudier la Bible ou chanter des cantiques. Parfois, ils se réunissent pour partager un repas chez Beronica Mendes, cuisinière à la maison d’hôtes locale du MCC.

« L’hospitalité constituait une valeur importante au Bangladesh, et elle l’est encore aujourd’hui », déclare Kevin. C’est au cours d’une rencontre de Noël qu’il a rencontré Nita, l’une des filles de la famille Mendes. Ils se sont mariés à la fin de son mandat en avril 1991, et ont déménagé en Pennsylvanie pour fonder une famille.

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A photo of Kevin and Nina Stout smiling
Les parents de Chad, Kevin et Nita Stout, au Bangladesh en 1990. Photo avec l’aimable autorisation de Kevin Stout

En 2003, une offre de Compassion International a ramené le couple au Bangladesh, cette fois avec leurs quatre jeunes fils. Sur place, Kevin a été ravi d’apprendre que les enfants de certains anciens collègues avaient suivi les traces de leurs parents et étaient devenus des équipiers du MCC de deuxième génération. Il espérait qu’un jour l’un de ses enfants ferait de même.

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Chad Stout examining a woman's garden
Chad Stout écoute l’agricultrice Tanjoli Gatha Rema expliquer comment elle cultive des aubergines dans des sacs surélevés lors d’une visite sur le terrain avec Sabalamby Unnayan Samity, une ONG partenaire du MCC. Photo MCC/Kamal Hossain

En 2021, son deuxième plus jeune fils, Chad, a fait de même ! En fait, il fait partie de la troisième génération à œuvrer auprès du MCC, poursuivant l’héritage commencé par sa grand-mère maternelle et par son père.

« Le Seigneur m’appelait à m’engager davantage »

Le premier voyage de Kevin au Bangladesh a commencé alors qu’il travaillait dans une coopérative agricole du Delaware. Il mettait à profit son diplôme en agronomie, mais après quelques années, il était prêt à changer d’horizon.

« J’ai senti que le Seigneur m’appelait à m’engager davantage. Je n’étais pas certain quant à la nature de cet appel ». Il a fait part de sa situation à son colocataire, un mennonite nommé Brad Hershey, qui lui a parlé du MCC. Kevin a écrit au MCC et on lui a rapidement répondu en annonçant qu’un poste d’agronome spécialisé dans le soja était à pourvoir à Noakhali.
« C’était en mars 1987 », raconte Kevin. « En août 1987, je me trouvais au Bangladesh. »

Avant d’avoir terminé son cours de langue bengalie, il est tombé amoureux du pays. Il explique qu’ensuite : « je me suis senti appelé à vivre parmi les gens » et il a reçu une invitation à loger dans la famille d’un collègue hindou. Pendant trois ans, Kevin a dormi dans une chambre avec les vaches de la famille qui, selon la tradition hindoue, étaient amenées à l’intérieur la nuit.
 

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Kevin Stout tient dans les bras un enfant de la famille avec laquelle il a vécu pendant trois ans au Bangladesh. La famille fabriquait des poteries pour les vendre. Photo MCC (1989)

« Je me suis adapté culturellement au Bangladesh grâce aux échanges que j’ai eus, en vivant avec une famille hindoue et en me mariant dans une famille chrétienne du pays », explique-t-il.

Chaque jour, il enfourchait sa moto et se rendait sur les parcelles de terre cultivées sur des terres de l’éventail abyssal dans le sud du Bangladesh. Ces terres sont créées lorsque les rivières ou les océans empilent des sédiments sur le littoral. On offrait ces terres gratuitement à la population de la région. Cependant, comme elles ont été créées à partir de sédiments océaniques, ces terres ont une forte teneur en sel, ce qui rend l’agriculture difficile. Le MCC a aidé les agriculteurs à cultiver leurs terres malgré ce défi.

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Kevin Stout, à droite, en compagnie de Khalique, à gauche, et de Shyam, qui ont travaillé avec lui sur le projet de soja du MCC au Bangladesh en 1990. Les trois se sont retrouvés lorsque Kevin a rendu visite à son fils en 2023. Seuls les prénoms ont été fournis. Photo avec l’aimable autorisation de Kevin Stout

Pendant son mandat auprès du MCC, Kevin est resté en contact avec Brad Hershey ainsi que d’autres personnes au pays. Lorsque sa famille n’a pas pu se rendre au Bangladesh pour son mariage, Hershey a été l’un de ses deux amis américains à prendre l’avion et fêter l’événement avec lui.

Une série de retrouvailles

Lorsque la famille Stout est retournée au Bangladesh en tant que famille de six, Steve a envoyé Chad et ses frères dans une école internationale chrétienne à Dhaka, la capitale du pays. Se remémorant son adaptation à la vie au Bangladesh lorsqu’il était enfant, Chad déclare : « C’était plutôt facile… et une expérience plaisante d’être entouré de personnes de cultures différentes. »

Les enfants Stout ont pu observer de près le travail de développement et la famille a pris des vacances mémorables à Bali, à Angkor Wat et au Taj Mahal. « Les garçons ont pu voir le monde », déclare Kevin.

Lorsque la mission de Kevin à Compassion International a pris fin en 2009, la famille est retournée aux États-Unis. Il a obtenu un master en théologie et est maintenant pasteur à l’église luthérienne de Zion à York, en Pennsylvanie.

Au début de l’année 2020, Chad terminait sa dernière année à l’université de Pittsburgh. Il avait envisagé de rester à l’université pour une cinquième année afin de jouer au football, mais la pandémie de COVID-19 avait bouleversé la saison sportive. Il a donc obtenu son diplôme en mai et s’est rendu au Bangladesh où il a effectué un stage auprès d’une organisation de commerce équitable avant de travailler pour le MCC.

Aujourd’hui, il est coordinateur de la planification, du suivi, de l’évaluation et de l’établissement de rapports dans la ville de Bogura, à environ 190 km au nord-ouest de Dhaka. Il évalue les projets soutenus par le MCC et soutient les partenaires et les communautés dans la mise en œuvre des changements recommandés. La plupart de ces projets sont axés sur l’agriculture, mais incluent également l’éducation et la consolidation de la paix.

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Chad Stout présente un exposé lors d’une formation sur la planification, le suivi, l’évaluation et l’établissement de rapports (PMER) dans la division de Rajshahi, au Bangladesh. Des représentants de chaque organisation partenaire du MCC au Bangladesh ont participé à cette formation. Photo MCC/Gregory Vanderbilt

Il affirme que sa connaissance du Bangladesh l’a beaucoup aidée. Il explique que, pour de nombreux équipiers du MCC à l’étranger, il faut parfois un certain temps pour s’adapter à un nouveau pays. Toutefois pour lui, « ce sentiment de bien-être lui a permis de se concentrer sur son travail ».

Il reste en contact avec la famille de sa mère, décédée en 2016. Chaque année, à Pâques et à Noël, il se rend à Noakhali, dans le sud du pays, pour célébrer avec eux. « J’apprécie beaucoup les liens avec le pays, la culture et la famille […] » déclare-t-il.
 

Des décennies de développement

Beaucoup de choses ont évolué depuis l’époque où Kevin travaillait pour le MCC.

« Les projets du MCC ont eu un impact certain, précise-t-il, et les endroits qui étaient pauvres ne le sont plus. » À mesure que Noakhali s’est développé, le MCC a mis fin à ses activités dans cette région et a commencé à se concentrer sur les terres inondables du nord, créées par les dépôts fluviaux. Ce changement a conduit à l’abandon du soja au profit d’autres cultures. Aujourd’hui, Chad et ses collègues ne se déplacent plus en moto, mais en bus et en train, grâce à l’amélioration des infrastructures.

Et alors que Kevin ne pouvait appeler chez lui qu’une fois par an durant son mandat au sein du MCC, son fils le contacte désormais quotidiennement sur Zoom ou WhatsApp.

Le changement le plus notable est peut-être la transition du programme MCC Bangladesh à un modèle de partenariat. Alors que Kevin et ses collègues menaient leurs activités agricoles sur place, les équipiers apportent aujourd’hui leur soutien aux ONG locales, dont le personnel travaille en étroite collaboration avec les agriculteurs locaux.

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A group of men examining a hanging bag of mushrooms
Chad Stout, au centre, examine un champignon lors d’une foire de production d’aliments sûrs. Durant ces foires, les partenaires du MCC montrent comment cultiver des aliments sans pesticides. Photo ARCO/Raton Urao

Chad affirme que les ONG locales peuvent établir des rapports avec les communautés rapidement, ce qui rend les agriculteurs plus ouverts à l’adoption de nouvelles pratiques. Il espère que d’ici trois décennies, ces ONG auront la capacité de fonctionner de manière indépendante. « Il y a quelques secteurs où [le MCC] effectue un très bon travail, mais nous effectuons ce travail pour ne pas avoir à le faire à l’avenir. »

« Une double victoire »

Bien que les choses aient évolué depuis 1987, certaines restent inchangées. « Les membres du personnel du MCC étaient tout simplement parmi les meilleurs lorsque j’y étais », déclare Kevin, et il est tout aussi impressionné par l’équipe avec laquelle Chad travaille aujourd’hui.

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Chad Stout et ses collègues du MCC ainsi que le personnel des organismes partenaires (Phoebe Chiring Marak, Mita Bhattacharjee, James Kisku, Maloti Das et Gregory Vanderbilt) visitent le foyer pour jeunes filles de la Mission baptiste, géré par le Conseil pour le développement de l’éducation et de la santé sociale, un partenaire du MCC. Avec l’aimable autorisation de James Kisku

Lorsque Kevin a rendu visite à son fils au début de l’année 2023, il a eu l’occasion de retrouver d’anciens collègues et de voir le modèle de partenariat actuel du MCC à l’œuvre. Ce voyage l’a rendu d’autant plus heureux que son fils avait lui aussi choisi de travailler auprès du MCC.